Qui est Gérard Delcour ?
Durant ma carrière de journaliste, j’ai eu la chance de rencontrer de grands patrons, dans le monde du parfum. Des femmes et des hommes qui aimaient le parfum, le connaissaient et avaient de vraies convictions. Etant toujours en contact avec eux et toujours actifs, je vous les faire découvrir aujourd’hui. Cette série démarre avec Gérard Delcour, un passionné… de parfum. Un homme qui a dédié autant sa carrière à ce monde du parfum (Rochas, Jean Patou, Lacoste, Azzaro…) qu’à diriger le Comité Français du Parfum, et est aujourd’hui le Président du Conseil d’Administration de la FEBEA et du Syndicat Français de la parfumerie. Partons à sa rencontre.

Son voyage olfactif se poursuit vers les odeurs des tanneurs de Marrakech où règne un parfum lourd, presque écoeurant, ou encore l’odeur grasse, charbonneuse du bitume de New York. Gérard Delcour terminera cette ballade olfactive par le parfum qui se dégage des bureaux de Charabot, société de création grassoise, aujourd’hui appartenant à Robertet. “Il y émanait l’odeur du concentré souvent floral” me confie t-il. Maintenant, poursuivons pour découvrir l’homme.
Votre carrière dans le parfum, hasard ou coïncidence ?
Après l’Essec, je commence par un stage chez Fiat à Turin. Comme tout homme, je suis passionné de voitures et j’ai été ravi de participer au lancement d’un nouveau modèle ! Puis, le hasard m’a conduit à un stage à la SCAD où je me suis occupé de shampoings et d’après-shampoings. Ma carrière avait démarré donc dans la beauté !… elle débutera dans le parfum, chez Rochas à l’International avec Mr Albert Gosset et plus tard Mr Jean Pequerau. C’était l’époque d’Eau de Rochas, de Mystère et de Macassar.
Puis j’intègre les parfums Azzaro où j’ai hissé Azzaro pour Homme sur le marché européen et lancé Acteur, le second parfum masculin de la marque. De la maison de couture Azzaro, je suis allé vers une autre maison de couture, Jean Patou et Lacoste. D’un côté, c’était toute la tradition des parfums féminins, capiteux et de l’autre un style de vie, une fraîcheur et un confort. J’y ai appris beaucoup sur le parfum et surtout aux côtés d’un homme comme Jean Kerléo. Je gérais deux histoires passionnantes. C’est d’ailleurs à cette époque que j’ai fait la connaissance de Gérard Delcour, alors que j’étais en stage à la presse dans la maison. Enfin, Gérard Delcour est retourné chez Azzaro pour lancer Chrome, développer sa puissance commerciale et diriger le rachat de la marque, par le groupe Clarins.
Tout s’est merveilleusement bien passé. L’opération fut menée par Serge Rosinoer, un homme de développement, de stratégie tandis que Christian Courtin est un homme d’impulsion créative, très conscient de la valeur des images des marques. Comme chacun avait sa place dans son entité, l’intégration s’est bien passée.
Il est important de souligner que la maison Clarins, maison familiale, a toujours eu le respect de ses collaborateurs, de sa distribution et de ses consommateurs. Rappelons que Jacques Courtin, le fondateur a été le premier à mettre en place un courrier des lectrices et des fiches consommatrices placées dans tous ses produits.
Quelles sont les créations dont vous êtes le plus fier ?

Le deuxième est Chrome d’Azzaro. Tout comme Azzaro pour Homme repose sur une matière inhabituelle, telle l’anis étoilée c’est le maté qui fut choisi pour Chrome. En réalité, cet ingrédient apporte fraîcheur, une note d’hygiène sur un fond confortable. J’ai été marqué par les
Quels sont les parfumeurs créateurs que vous admirez ?
Jean Kerléo, le parfumeur de chez Jean Patou à la fois un créateur et un gardien des formules. C’était aussi le responsable de la fabrication des parfums Patou. C’est un homme de rigueur passionné par le parfum et son histoire.
Gérard Haury, un grand technicien, amoureux des belles matières premières. Ces parfums avaient un bel équilibre et de la tenue. Il est le créateur de Chrome d’Azzaro.
Laurent Bruyère, un grand technicien avec beaucoup d’humour.
Anne Flippo est créative et les échanges sont agréables et intéressants avec elle.
Dominique Ropion, un grand monsieur réservé et d’une grande timidité.
Sidonie Lancesseur, une jeune parfumeuse, créative mais toujours proche de ses clients.
Pierre Aulas, a formé une bonne équipe avec Patrick Visioz à l’époque des développements des parfums chez Azzaro. Il joue admirablement l’interface entre les parfumeurs et le marketing.
Vous êtes à l’initiative du Comité du Parfum, comment s’est écrite la première page ?
L’aventure du Comité Français du Parfum a vu le jour dans les années 80. A cette époque, nous avions observé deux 
Pour soutenir ces parfums français, nous avons mis en place une campagne publicitaire “Sans parfum, la peau est muette” diffusée au moment de la St Valentin, de Noël en presse écrite et à la télévision. Au même moment, une classification des parfums en collaboration avec la société française des parfumeurs fut créée. Puis l’Osmothèque sous l’impulsion de Jean Kerléo, prit place dans les locaux de l’ISIPCA à Versailles. le Prix Jasmin qui récompensait le meilleur article écrit par une journaliste, vit le jour. Enfin “Hymne au Parfum”, une exposition sur le parfum. Cette dernière a parcouru le monde entier pendant 15 ans. Elle s’adaptait selon le format et a donc pu être vue aussi bien dans les musées que les aéroports.
Et aujourd’hui ?
L’Osmothèque est toujours là et même plus que jamais. Elle vient de fêter ses 25 ans. Le nouveau projet est celui du Grand Musée du Parfum qui ouvrira ses portes en décembre 2016. L’idée de Guillaume de Maussion est de créer un lieu olfactif, interactif, un lieu d’échange et de formation. Il y aura donc une bibliothèque, une boutique où la majeure partie des grandes marques de parfum sera présente. Le Syndicat de la Parfumerie soutient le projet depuis le départ. Par ailleurs, un comité de Sages pluridisciplinaire en gère le contenu.
Quel est votre regard sur le parfum ?
On observe une croissance intéressante du marché des marques de créateurs de parfums qui croit de 15% tandis que le marché des marques traditionnelles de parfums a une croissance proche de 2 à 3%. Ces marques de parfums de niche s’investissent plus dans une création originale et véhiculent une créativité plus importante. Ces dernières cherchent à établir un contact privilégié avec le 
Quels sont vos projets actuels ?
J’ai aujourd’hui différentes activités ; j’agis en tant que conseil dans notre profession. Je suis au conseil de surveillance d’Eden Park, une marque de mode et enfin j’ai un projet d’une marque de parfums écologiques qui verra le jour lors de cette rentrée 2016.
Je terminerai cette rencontre avec Gérard Delcour sur une note parfumée. Quels sont les parfums de prédilection de cet homme qui a dédié sa vie au parfum ? L’Eau de Rochas, fraîche comme une eau de
Toujours aussi actif, toujours aussi passionné que jamais, bouillonnant d’idées, Gérard Delcour est un modèle pour la jeune génération du parfum. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une rencontre avec Pierre Dinand.









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